dimanche 14 août 2011

La recherche d'une élégance

L'élégance, c'est savoir choisir avec goût et discernement. Elegans, en latin, signifie en effet "celui qui sait choisir", du verbe eligo, je choisis. L'élégance ne peut être qu'une recherche, une oeuvre incessamment en question. Pourtant, la plupart des blogs consacrés à ce sujet pérorent et dogmatisent, au lieu d'interroger. D'autres s'abîment sur l'écueil de l'affèterie vestimentaire.

On ne saurait réduire l'élégance à une succession d’oukases. Elle est, avant tout, une démarche.

L'élégance caractérise d'abord les productions artistiques. Voltaire souligne, dans son Dictionnaire philosophique portatif (1764): "On emploie ce mot dans la sculpture et dans la peinture. On opposait elegans signum à signum rigens", c'est à dire la grâce des formes, à la rigueur voire à la roideur des formes.

Elle s'étend également à une distinction de l'habillement et des manières, laquelle constitue également un art, une habileté de l'esprit. Cette distinction me semble indissociable d'une morale également choisie, pas nécessairement convenue, mais consciente et éclairée.

Si l'élégance a beaucoup à apprendre du dandysme, elle ne peut s'y réduire. Le dandysme flirte avec le "sublime", le "luxe", l'"arrogance", ou la "désespérance" qui n'appartiennent pas strictement à l'élégance. Dans la Comédie Humaine, Balzac évoque "le sentier périlleux et coûteux du dandysme", dont, à mon sens, l'élégant peut se garder, encore qu'il mérite d'être exploré. Nous reviendrons amplement sur le dandysme et quelques grands dandys.

Enfin, l'élégance se nourrit naturellement de la courtoisie. Notons qu'en ancien français, la "courtoisie" ou "cortoisie" fait explicitement référence aux manières de la Cour. Elle est une politesse raffinée, avec, précise le dictionnaire Larousse, "un grand désir de ne pas déplaire à autrui". Les Anciens font de la courtoisie une qualité essentiellement morale, dont l'expression est "la mesure". Mesure, souci de ne pas déplaire, voilà des qualités qui distinguent spécialement l'élégant du dandy.

Consacrant une part de ma vie à cette recherche, il m'a paru opportun de partager mes questionnements. Naturellement, mon goût dirige cette démarche. Ma passion pour l'histoire, spécifiquement le second XVIIIe siècle et le premier XXe siècle, me condamne parfois à une sénescence de l'esthétique. Que le lecteur me pardonne : l'œillet blanc donne le ton !

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